Soro jeudi à Paris

Rares sont les fois où il accepte nos sollicitations pour réagir sur un fait d'actualité et ce même quand parfois cela le concerne directement. Cette fois ci, le Ministre de la Justice a rompu à cette règle pour recadrer le député de Ferkessedougou en exil en France.

Condamné à 20 ans de prison pour recel et poursuivi dans une affaire de coup d'Etat manqué, ce jeudi devant des journalistes français conviés dans un hôtel à Paris, sur des bases d'informations lui étant parvenues, Guillaume Soro a ouvertement accusé son ancien collaborateur à la primature, Sansan Kambilé, actuel garde des sceaux, d'ingérence dans son procès dont la finalité lui vaut, principalement, l'invalidation de son dossier de candidature pour la présidentielle d'Octobre prochain, ce dont se désole ce dernier.

« On a précipité un procès juste pour m'écarter... Le premier magistrat qui avait été désigné s'est récusé, il a refusé, le second qui a été désigné voulait se débiner pour reporter le dossier, le Ministre de la justice l'a (magistrat) menacé et a envoyé le président d'une juridiction pour venir le surveiller dans salle, ce que vous dit ce sont des choses qui nous ont été rapportées...Le pauvre Cissoko Abdoulaye, on lui a donné le verdict et il devait le lire, le pauvre était malheureux de se voir happé par un complot politique qu'il ne désirait peut être pas.», avait annoncé Guillaume Soro.

Réaction de Sansan Kambilé aux interrogations de KOACI : « Ces propos (les accusations de Soro, ndlr) sont totalement surréalistes et dénotent de la méconnaissance des institutions judiciaires de la part de l’intéressé. Le ministre de la justice ne peux pas menacer le président d’une juridiction pour interférer dans une procédure judiciaire. Aucun magistrat ne s’est récusé car celui-ci aurait pu aller à l’audience et prendre la décision qui est conforme au droit sans que le ciel ne lui tombe sur la tête. ».

Il nous explique : « Le Ministre de la justice agit par le biais de ses représentants que sont le procureur de la république et le procureur général selon les cas. Ils sont chargés de donner sa position qui doit être toujours conforme à l’intérêt général. La décision de justice il faut le préciser est collégiale et ne relève pas du seul président du tribunal. Le président est assisté de deux (2) assesseurs qui peuvent être en désaccord avec lui.»

Enfin, alors qu'à de nombreuses reprises l'ancien premier ministre s'est vu être recadrer sur les aspects juridiques, comme une nouvelle jeudi sur l'article 79 (voir article associé, ndlr), peut être fatigué par la dimension de communication systématique de Soro, il conclut: « Ces affirmations qui relèvent du fantasme d’un individu visent tous simplement à panser ses douleurs et s’inscrivent dans la stratégie de victimisation de celui-ci . Si elles peuvent le rassurer et le guérir, je ne peux que lui souhaiter du plaisir.».

Amy Touré