Ghana : Germe du concept « ghanaianess », l'ivoirité à la ghanéenne
Un centre d’enregistrement d’électeurs (ph)
La fréquente polémique sur la nationalité ghanéenne, laquelle tend à faire surface à chaque veille d’élections dans le pays, a refait surface en cette année 2020 avec l’opération du recensement électoral en cours.
Dans la fièvre du recensement électoral 2020 qui tire vers sa fin, une journaliste présentatrice radio, Atiewin Mbillah-Lawson, a vu sa nationalité contestée au moment où elle devrait établir sa carte d’électeur à Accra.
Des agents recenseurs à Pokuase une banlieue à Accra ont contesté la nationalité ghanéenne de la journaliste au motif qu'elle ne parle des langues locales comme le Twi ou Ga.
En relatant les faits, Mbillah-Lawson a twitté que « L'agent a dit que je ne parle aucune langue ghanéenne (Twi ou Ga) et que je ne suis pas une ghanéenne. Alors je lui ai demandé s'il n'y a que deux langues au Ghana? ». Indignée par le refus qui lui a été signifiée, elle a ajouté que « Depuis quand parler Ga ou Twi seules devient-il la base pour contester la nationalité ? Cela doit cesser. Ces cris et ces brouhahas sont tous insensés et répréhensibles ».
Dans l’espoir de se faire établir une carte d’électeur, la journaliste présentatrice attend que le processus de remise en cause de la nationalité soit achevé pour se présenter devant le comité de révision de la Commission Electorale afin d’obtenir la pièce qui doit lui permettre de voter.
Rivalités pouvoir-opposition
La contestation de la nationalité ghanéenne de cette journaliste, qui n’est qu’un des cas ayant resurgi en cette période du recensement électoral, intervient suite aux accusations du principal parti de l’opposition NDC selon lesquelles le pouvoir du Président Nana Akufo Addo intimider les potentiels électeurs dans certains ses bastions a pouvoir s’inscrire.
Partant de ce point, John Mahama le candidat du NDC à la présidentielle a déclaré dans une publication sur Facebook que la voie empruntée par le Président Akufo-Addo pour empêcher les gens d'exercer leur droit de s'inscrire et de voter aux prochaines élections de décembre, est dangereuse et inacceptable. Il a continué «
Le pouvoir exécutif ne doit pas être utilisé pour causer la discrimination et les abus ethniques comme... Ces actes calculés de « déshumanisation, privant de leurs droits les ghanéens et les dépouillant de leur citoyenneté » doivent cesser… ».
En face, Freddie Blay, le président national du parti NPP au pouvoir a accusé lors d'une conférence de presse hier mardi le NDC de saper le recensement des électeurs avec des revendications tribales et ethnocentriques. Il a justifié que le NDC fait plusieurs allégations pour « sauver la face » après avoir perdu toutes les poursuites intentées contre la Commission électorale avant le recensement.
L'opération de recensement électoral entreprise par la Commission Electorale qui est exclusivement réservée aux ghanéens éligibles pour s’enregistrer sur la liste électorale a débuté le 30 juin et s’achèvera le jeudi 06 août 2020. Pour s’enregistrer le code électoral dispose que tout ghanéen éligible doit présenter une pièce d'identité valide (passeport ou carte d'identité nationale) ou à défaut présenter deux garants (personnes témoins) au centre d'inscription au moment de l’inscription.
En somme, la tendance à la germination au Ghana du concept que peut appeler le « ghanaianess » n’est pas trop loin de ce que les voisins ivoiriens avaient connu dans un passé récent sous l’appellation de l’« ivoirité ». S’il n’est pas mis un terme à ce concept au plus tôt, il pourrait à l’avenir frustrer certains citoyens à qui l’on attribue des pays autres que le sien et ce sur la base de la consonance de son nom, de son parler, de sa provenance ou le fait qu’il ne soit pas en mesure de parler une langue populaire dans le pays.
Mensah correspondant permanent de KOACI au Togo, Nigeria et Ghana
- Joindre la rédaction togolaise de koaci.com à Lomé: (+228) 98 95 28 38 ou koaci.ghana@gmail.com –
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire