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Cameroun : Shanda Tomne, «je  milite pour le fédéralisme. Il  est temps que j'agisse pour façonner le destin et le développement de notre pays»
 

Cameroun : Shanda Tomne, «je milite pour le fédéralisme. Il est temps que j'agisse pour façonner le destin et le développement de notre pays»

 
 
 
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© Koaci.com - vendredi 29 mai 2020 - 12:01

Shanda Tomne (Ph)


Jean-Claude Shanda Tomne vient de créer son propre parti politique. Grande figue du Laakam (important regroupement socioculturel de l’Ouest) il est présenté comme un des promoteurs de la communauté Bamiléké (le Bami-power). Membre de la coordination des partis politiques dans les années 90 après le retour du multipartisme autour des plus grands leaders camerounais, Shanda Tomne est l’auteur du mémorandum de 1992 qui a appelé avec succès au boycott total de la visite du président Biya à l’Ouest. Depuis une vingtaine d’années ce diplomate et enseignant d’université et par ailleurs membre de la société civile est présenté dans les medias comme le médiateur universel de la République. 


Âgé de 66 ans, Shanda Tomne est un auteur prolifique (une quarantaine de livres) et convoité par les plus grandes maisons d’éditions. Il a rédigé la déclaration de Jesse Jackson sur la crise américano-iranienne. C’est ce personnage bien connu au Cameroun et à l’international que nous avons rencontré.  



Koaci : Une polémique entoure la naissance de votre parti. Quelle en est la véritable dénomination ? 


Shanda Tomne : Notre parti s’appelle le Mouvement Populaire pour le Dialogue et la Réconciliation (MPDR). Le Minat nous donne l’autorisation pour le Front populaire pour la réconciliation et la relance (FPR), nous avons sollicité le ministre pour qu’il corrige. Le nom FPR rappelle des mauvais souvenirs en Afrique et dans les pays voisins. 

Nous promettons le dialogue et la réconciliation notre logo explique tout. C’est une colombe qui tient une olive entre ses mains, c’est le symbole de la paix que nous voulons promouvoir.


Koaci : Certains pensent que vous avez beaucoup attendu. Qu’est-ce qui vous a motivé à franchir le pas ?


Shanda Tomne : Je ne suis pas novice en politique, je ne fais pas d’entrée fracassante. Ce parti politique est le fruit d’une vingtaine d’années de réflexion. En 92 quand j’étais dans la coordination, plusieurs personnalités, des intellectuels et même des camerounais ordinaires sont venus me demander de créer un parti politique. Mais pour des raisons de pragmatisme, ça n’a jamais été matérialisé. Aujourd’hui après des consultations, c’est fait.

A un moment donné le militantisme social et humaniste ne suffit plus. Les personnes portant des convictions et des intelligences doivent s’investir pour le développement de leur nation.

Je crois qu’il y est temps pour que j’agisse comme quelqu’un qui veut façonner le destin et le développement de notre pays. 

Notre parti va se construire davantage à la base. Nous n’avons pas d’argent pour créer une grosse machine politique. Nous allons constituer dans les quartiers des comités de médiation pour résoudre les problèmes à la base.

L’objectif de notre parti politique c’est de lutter contre la haine au Cameroun. On ne crée pas un parti avec les cravates et beaux costumes pour aller s’asseoir à la télé.

Notre impact sera social. Le Cameroun ne peut se faire qu’à la base. 


 

Koaci : Votre passage dans la société civile a été remarquable. Quels souvenirs en gardez-vous ? 


Shanda Tomne : La frontière entre la société civile et la politique est mince. Dans mon cas, c’est un cheminement logique et normal.

Je reçois ici chaque jour, des dizaines de personnes dans le besoin. J’ai décidé d’être plus présent comme acteur et de susciter autour une émulation d’autres personnes.

J’avais créé la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (Comicodi), une ONG qui a volé au secours des milliers de camerounais de tous les horizons.

Beaucoup de camerounais ont trouvé satisfaction avec nos actions.


Koaci : Vous êtes une grande figure du Laakam, regroupement socio culturel le plus important à l’Ouest. Dans l’opinion certains pensent que vous êtes en mission commandée pour la conquête du pouvoir. Que leur répondez-vous ?  


Shanda Tomne : Dans le Laakam, la règle d’or est simple. Personne n’entre en politique. Moi grand responsable comment j’allais faire le saut ? Alors j’ai consulté. Je ne suis pas le président du Laakam qui regroupe tous les chefs traditionnels de l’Ouest. Le président était décédé. J’étais dans la communication, les affaires étrangères, le chargé de mission, le garçon de courses donc j’étais le plus connu. 


Koaci : Un fait d’actualité, comment avez-vous vécu les casses d’ambassades ? 


Shanda Tomne : J’ai toujours milité pour le fédéralisme. Mais quand j’ai vu la liste de ceux qui avaient cassé les ambassades, plus de 80 % ont des noms originaires de l’ouest je me suis senti mal à l’aise. Une grande partie de la diaspora. Comment des gens peuvent poser des actes qui auront des répercussions sur les activités de leurs proches ici sur place ?

Le Laakam n’a jamais été pour la déchirure des tribus. Je suis pour le Cameroun, je ne suis pas pour une tribu. Si les gens de ma communauté ne le comprennent pas ils peuvent m’exclure.

Il n’y a pas que les bamilékés dans le Laakam. Le Laakam ne sera jamais une organisation qui prône la prise du pouvoir ou la mort des autres tribus. 

L’équilibre régional et l’éthique demeurent extrêmement importants dans notre société. C’est extrêmement nécessaire. Nous ne mettrons pas le feu au Cameroun pour aller vivre ailleurs.


Koaci : Pensez-vous qu’il existe un problème Bamiléké au Cameroun ?


Shanda Tomne : Oui, il y a un problème Bamiléké au Cameroun. Il s’explique par deux situations.

Les appréhensions du colon et l’expansionnisme des Bamilékés. Avec le recul et l’honnêteté, en 96 lors des premières élections municipales pluralistes lorsque les Bamilékés raflent toutes les mairies de Douala il y a eu des marches de protestations des Sawa. 


 

Les Bamilékés font à la fois peur lorsqu’ils s’installent et progressent. Ils font peur aux autres. C’est pour cela que dans le centre des décisions, nous remettrons en cause la propriété au Cameroun. 

Je crois qu’une question profonde de gouvernance pourrait résoudre le problème Bamiléké. Le Laakam est pour un Cameroun organisé. Tout le Laakam est dans la même lignée.

 

Le problème Bamiléké n’est pas une entorse à l’évolution du Cameroun. Il ne peut pas justifier qu’on casse les ambassades du Cameroun. Il ne faut pas que les personnes qui ont dépassé plus de 50 ans au soir de leur vie cherchent à tout casser.


Koaci : Comment vivez-vous les attaques contre les forces de défense et de sécurité ?



Shanda Tomne : Je défendrai les forces de défense et de sécurité du Cameroun par ce que je suis convaincu qu’elles sont bien formées. 

Les bavures existent dans toutes les armées du monde.


Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun. 


-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com-




 
 
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