Cameroun: Du rêve de fonctionnaire à l'héliciculture, Ayissi Stanislas gagne sa vie grâce à l'élevage d'escargots
L’escargotière du jeune Ayissi Stanislas (Ph)
Après plusieurs échecs dans sa quête d’une intégration au sein de la fonction publique camerounaise, Ayissi Stanislas s’est lancé dans l’ l’héliciculture, l’élevage d’escargots.
Son business model, l’extraction de la bave et la vente de sujets adultes. Il livre dans les restaurants locaux et établissements de cosmétiques.
A terme, il ambitionne de valoriser la coopération Sud-Sud avec les pays africains, de pénétrer le marché européen et de créer un centre de formation pour que les plus jeunes suivent son exemple.
Sourire en coin, Ayissi Stanislas est visiblement très à l’aise dans son escargotière de 20 mètres carrés construite au quartier Mindjomo dans le département de la Lekié, à quelques trente minutes de la poste centrale.
Il a démarré son activité il y a trois ans avec une centaine de sujets. Aujourd’hui, sa ferme possède des milliers d’escargots.
" Mon but c’est d’agrandir ma ferme et de posséder au moins dix millions d’escargots", déclare le jeune héliciculteur de 33 ans.
Marié, père de 2 enfants, sans formation particulière, Ayissi est titulaire d’un probatoire A, mais il veut devenir le roi de l’héliciculture au Cameroun.
Le déclic
Il y a pourtant quelques années, le jeune héliciculteur ne rêvait que de travailler dans la fonction publique camerounaise, ou encore de s’installer dans n’importe quel pays d’Europe.
En 2010, Ayissi Stanislas ex-employé d’un garage avait essayé de prendre le chemin de l’immigration clandestine vers l’Europe avec une bande de copains. Il avait 24 ans.
"Nous voulions fuir la précarité et la pauvreté pour aider nos familles. Je voulais aider ma famille, surtout ma pauvre maman qui a tout fait pour moi", avoue le jeune héliciculteur.
Ayissi a traversé le Cameroun. Des pays d’Afrique de l’ouest. Et, le grand désert du Niger, jusqu’à l’enclave espagnole de Melilla. Il avait été arrêté et rapatrié.
" Nous avons affronté la mer par pirogue. Nous n’avons pas eu de chance à l’arrivée. La police marocaine nous a arrêtés et rapatriés", souffle Ayissi.
La mort par noyade en haute mer de son voisin du quartier l’avait dissuadé de renouveler l’expérience en 2013.
"Je voulais tenter encore ma chance une nouvelle fois en 2013, mais nous avons appris la mort d’un ami en haute mer lors d’une tentative d’immigration. Cette nouvelle m’a dissuadé. Aujourd’hui, je gagne honnêtement ma vie grâce à l’héliciculture et je ne rêve plus jamais de quitter le Cameroun", confie Ayissi.
"Mon rêve c’était soit la fonction publique, notamment l’armée ou alors m’installer en Europe. Aucun de ces rêves n’a été possible. Je cherchais quelque chose à faire. J’ai appris l’élevage d’escargots dans le tas. C’était d’abord une passion. Par ce que j’aime manger la viande d’escargots. Au départ, je ne comprenais pas comment le kilogramme d’escargots pouvait se vendre plus cher que celui du bœuf. Un jour m’a mère m’a dit. Tout est utile chez l’escargot. Sa coquille, sa bave et sa chair. C’était le déclic" poursuit le jeune héliciculteur.
"Plus tard, j’ai publié une annonce sur un site internet précisant que je vendais l’escargot j’ai eu des appels de plusieurs pays j’ai alors compris que c’était un secteur porteur. Et je ne comprends pas pourquoi les jeunes veulent absolument travailler dans les bureaux. Ils ont beaucoup d’opportunités en or qu’ils laissent passer", souligne Ayissi Stanislas.
Il s’installe alors dans la Lekié son département d’origine dans la région du centre. A force de persévérance, il finit par trouver la bonne formule. Il gagne dix fois plus que le Smig.
"Aujourd’hui je vends les escargots secs ou frais. Je reçois des commandes des restaurants. Je gagne entre 300 et 400 mille FCFA par mois", affirme Ayissi Stanislas.
Le marché européen
Le jeune héliciculteur rêve de monter une agro-industrie pour l’extraction de la bave très prisée dans l’industrie cosmétique.
"La bave d’escargot rapporte plus que sa chair. Le litre se vend entre 25 et 30 mille FCFA et le kilo à des milliers d’euros. J’aurai atteint mon objectif lorsque je pourrai vendre dans d’autres pays d’Afrique ou sur le marché européen", conclut le jeune héliciculteur.
Ayissi Stanislas envisage également de former des jeunes pour susciter des vocations.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com-
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