Gabon: Lancé en fanfare par Bongo en 2014, le projet graine passe de l'espoir au champ de ruine
Bongo à Franceville en février 2016 pour le lancement du projet graine
Prenant conscience de sa forte dépendance au secteur pétrolier, le Gabon avait lancé en 2010 une stratégie de transformation économique (Gabon Emergent) au sein de laquelle l'agriculture allait jouer un rôle central. Le 22 décembre 2014, le Président Ali Bongo procédait au lancement de « GRAINE », la Gabonaise des Réalisations Agricoles et des Initiatives des Nationaux Engagés.
Un projet destiné à jeter les bases d’une politique agricole basée sur la valorisation de la culture de la terre ; un véritable retour à la terre avec une interpellation des jeunes et toutes les personnes désireuses de s’y lancer. Cinq ans plus tard, le projet qui avait suscité beaucoup d’engouement dès son lancement peine à atteindre ses objectifs.
Grand importateur de denrées alimentaires et de produits agricoles évalués à près de 300 milliards F CFA par an, le Gabon souhaitait inverser la tendance pour les années à venir. Aux yeux des autorités, le Projet Graine constituait le plan Marshall de la politique agricole du pays, et l’une des réalisations les plus importantes du premier mandat d’Ali Bongo dans le cadre de la diversification de l’économie gabonaise.
Trois ans après son lancement, en 2017, le projet bénéficiait d’ailleurs d’un coup de pouce de la Banque Africaine de Développement (BAD). Le conseil d’administration de l’institution bancaire africaine lui accordant un prêt de 98,541 millions d’euros, soit 64,6 milliards de francs CFA. A cette époque, le Ministère justifiait cet argent par la volonté de la BAD de «renouer avec l’agriculture gabonaise 20 ans après ». Ajoutant que «ce prêt permettra de soutenir et d’accélérer le programme Graine, en contribuant notamment au financement des infrastructures sociales et agricoles nécessaires à la promotion des coopératives et de l’entreprenariat agricoles des jeunes et des femmes, des actions de formation, d’organisation et de professionnalisation des bénéficiaires.
Aux manettes, la Société de Transformation Agricole et Développement Rural (SOTRADER), une entreprise de droit gabonais née du partenariat entre l’Etat gabonais et la multinationale Olam, avec l’implication de plusieurs coopératives agricoles entièrement vouées à la culture du manioc, de la banane et du palmier à huile. C’est dans les provinces de l’Ogooué-Ivindo, de l’Ogooué-Lolo, du Woleu-Ntem, du Haut-Ogooué et de la Nyanga que le projet avait été expérimenté.
Graine était donc une bénédiction pour les habitants de l’arrière-pays ayant choisi de se lancer dans l’aventure. A défaut de 2000 m² de surface habituelle de planting, un seul coopérant devenait à lui seul propriétaire de 1 ha de culture, soit cinq fois la superficie de sa culture du passé, indiquaient les autorités du Ministère gabonais de l’agriculture.
Cependant, si les perspectives se dessinaient sous d’heureux auspices, le projet Graine allait connaître des difficultés non maîtrisées au départ ; le programme traînant avec lui trop de failles et les membres des coopératives agricoles n’allaient pas tarder à le relever, vite suivis par les autorités porteuses de cette vision ambitieuse.
Dès 2017 donc, le bilan d’étape de Graine présentait un projet en deçà des attentes de l’Etat, des coopératives et du partenaire technique, la SOTRADER. Au cours d’une réunion de sa convention trimestrielle permettant d’évaluer le projet, tenue à Oyem dans chef-lieu de la province du Woleu–Ntem (nord du Gabon), le Président Directeur Général de la SOTRADER, Théophile Ogandaga, avait présenté un bilan négatif des activités de cette entreprise. Selon ce dernier, pour une production totale fixée à 12 000 tonnes, la récolte de la banane et du manioc n’avait produit que 1200 tonnes. Pour justifier cette baisse de la production et ce manque d’engouement des agriculteurs, le p-dg de SOTRADER avait mis en avant les difficultés liées aux conflits Hommes-faune et les problèmes techniques. Depuis, le temps a passé et l’on croyait toutes ces difficultés identifiées, à cette période, déjà résolues. Loin s’en faut.
Il y a quelques semaines en effet, le Ministre de l’Agriculture, Biendi Maganga Moussavou, a été plus explicite sur le diagnostic de ce qu’il appelle désormais « ancien programme », mis en mal par les difficultés d’accès au foncier considéré comme un grand écueil au projet. En outre, Biendi Maganga Moussavou a évoqué le conflit homme-faune, indiquant que celui-ci « a dévasté plus de 95% des plantations du programme Graine ». La concrétisation du projet s’en ainsi trouvé largement affectée, voire anéantie.
Mieux, presque cinq ans après son lancement, la réduction des importations en denrée alimentaires, l’incitation à l’entrepreneuriat agricole, la formation aux petits exploitants et le développement de l’industrie agricole et l’autosuffisance alimentaire résonnent aujourd’hui comme un vœu de marin. Au point qu’un nouveau projet, bâti sur les ruines du premier, est envisagé par le Ministère de l’Agriculture. Il s’agit de la phase 2 du projet Graine. « Nous savons très bien où nous avons connu un certain nombre de contre-performances dans l’ancien programme Graine. Nous avons tiré tous les enseignements. Ce n’est pas parce que la terre est fertile qu’on peut développer l’agriculture si on organise pas les choses », admet Biendi Maganga Moussavou.
Rappelons qu’à l’origine le projet GRAINE consistait à mettre en exploitation de plus de 200.000 hectares sur 5 ans, à contenir 1600 villages intégrés dans le plan des infrastructures de base et à occuper 30.000 familles volontaires pour le travail en coopératives. La deuxième phase annoncée avec un nouveau modèle de management du projet porté par les mêmes partenaires, (Ministère, Olam et SOTRADER) permettra peut-être à Graine de sortir de terre et d’atteindre les objectifs fixés par l’Etat gabonais en 2014.
Berleck LECKOBAT pour KOACI à Libreville
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l'idée de base est bonne, il manque peut-être vraiment juste un peu plus d'organisation...
Belote et rebelotte... C'est l'histoire de notre vie hélas sur mon beau continent en général. Heureusement, chez nous en CIV, nous avons un bosseur chevronné qui malgré l'héritage de caisses vides et vidées à lui laissé par la meute de sauvages bétés et assimilés pilleurs et tueurs du chenapan gbagba, il a tenu près de 90 pourcent de ses projets et bien au-delà... Et cela se poursuit... Les faits sont là quand je parcours mon pays de bout en bout... On observe...
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