Gabon: Fonction publique, recensement des agents sur fond d'interrogations
Le Ministère gabonais de la Fonction Publique a lancé cette semaine son opération de recensement biométrique des agents publics de l’Etat comme sur place constaté par KOACI. Cette opération, qui s’étend sur l’étendue du territoire national, vise plusieurs objectifs : la modernisation des outils de gestion des ressources humaines comme levier de valorisation de l’agent public, l’obtention d’une base de données fiables susceptible de garantir la pertinence de l’efficacité d’un système d’information et de gestion des ressources humaines ou encore l’identification des agents publics pour une meilleure gestion des ressources humaines.
L’opération, effective jusqu’au 25 septembre 2019 prochain, ne manque pas de susciter de nombreuses questions quant à son utilité.
La semaine s’est ouverte avec la phase de distribution, de remplissage, de signature des formulaires de recensement et de mise en lot conformément au planning journalier établi par les secrétaires généraux de chaque administration concernée par l’opération.
La fiche individuelle renseigne sur l’état civil de l’agent, sa formation, sa situation professionnelle, l’identification de son service, l’appréciation de l’agent et celle de son supérieur hiérarchique direct.
Selon la direction générale du ministère de la fonction publique, « cet inventaire des agents publics décidé lors du Conseil des Ministres du 29 mars 2019 concerne les agents régulièrement payés par la Solde. Il s’adresse aux agents publics émargeant au budget de l’Etat, tous secteurs et toutes catégories confondus : fonctionnaires, contractuels, institutionnels et main-d’œuvre non permanente ».
Plus clairement, le gouvernement vise, à travers ce recensement, une maîtrise de la masse salariale et la performance de l’administration publique. Pour rappel, avec l'appui du Fonds monétaire international (FMI), le Gabon vise à faire passer la masse salariale du public en dessous de 500 milliards de FCFA (762 millions d'euros) par an contre 720 milliards de FCFA (1,1 milliard d'euros) par an en 2017.
Malgré tout, cette nouvelle opération d’identification ne rencontre pas l’adhésion de tous les agents du secteur public, déjà soumis au même exercice, bien que manuel, l’année dernière.
Au mois de juillet 2018 en effet, le gouvernement avait déjà instauré un système de "bons de caisse" pour, disait-il, débusquer les fonctionnaires fictifs.
« Il faut que nous soyons fixés sur la présence réelle des agents au poste pour lequel ils sont payés », avait déclaré le Premier ministre d’alors, Emmanuel Issoze-Ngondet.
« Beaucoup de fonctionnaires sont soit morts, soit à l'étranger, et des gens continuent de toucher leur salaire », avait-il ajouté.
Des centaines de fonctionnaires s’étaient ainsi empressés sur les sites de retrait de ces bons de caisse à Libreville, dans des conditions logistiques douloureuses pour une opération qui avait épargné l’arrière-pays.
Le Ministère de la Fonction Publique ne pouvait donc pas échapper à la colère des agents, interrogatifs sur les conclusions du recensement précédent, le nombre des fonctionnaires « fantômes » démasqués, les sanctions à eux réservées, et les retombées économiques réalisées au bout de ce vaste nettoyage.
D’autres agents restent dubitatifs sur l’impact du recensement sur leur carrière et leur rémunération. Le grade ou l’indice, qui font partie des informations à mentionner sur la fiche, vont-ils participer à déclencher les reclassements et réorientations tant attendus ?
De son côté, le Ministère rassure et indique que contrairement aux recensements « manuels » précédents qui n’ont pas permis d’obtenir des informations précises sur la main d’œuvre dans les administrations, celui-ci s’appuie sur la « biométrie » (photos et empreintes digitales) qui permet d’éviter la manipulation humaine et d’assurer ainsi la fiabilité du processus.
A la différence du recensement « manuel » de 2018, ce nouveau processus s’appuie sur une méthodologie affinée qui permettra de disposer des données précises tant sur le plan quantitatif, « combien d’agents dans chaque administration », que qualitatif, « quel profil, à quel poste, dans quelle administration et pour quelle productivité ».
A l’issue de ce recensement, le ministère de la Fonction publique disposera d’une cartographie précise de tous les agents de l’administration gabonaise. Cette cartographie contribuera à terme, à optimiser le fonctionnement des administrations et d’assurer l’adéquation entre le profil de l’agent, le poste d’affectation, les tâches à accomplir et son rendement, conclut le Ministère.
Berleck LECKOBAT pour KOACI à Libreville
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Une méthode qui sera inefficace ....... une seule personne pourrait se presenter plusieurs fois dans des administrations de l'Etat pour se faire recenser avec la complicité des responsables du gouvernement.
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